du 10 au 28 novembre 2010
à Arras, Avion, Lille, Lomme, Marcq en-Barœul, Tourcoing, Valenciennes et Villeneuve d’Ascq
soutenu par le Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais, la ville de Lille,
Lille Métropole, le Conseil Général du Nord, le Ministère de la Culture,
l’Académie de Lille, l’Acsé, la DRAC
thème : L’avenir du commun invitée : La Caraïbe
Programme des rencontres Caraïbe
Mercredi 10 novembre
19h30 > 20h: Introduction au cycle Caraïbe
Les rencontres du cycle Caraïbe ont été organisées en partenariat avec le service Culturel de l’Ambassade d’Haïti en France, Collectif 2004 Images Haïti et le Réseau Culture Haïti
par Jacques Lemière, maître de conférences, Institut de sociologie et d’anthropologie, CLERSE, UMR 8019 CNRS, Université Lille 1
Ecole Supérieure de Journalisme – grand amphithéâtre - 50, rue Gauthier de Châtillon – Lille
20h > 22h: Caraïbe: unité, diversité
Daniel Maximin, romancier, essayiste et poète français de la Guadeloupe
a notamment publié : Les fruits du cyclone : une géopolitique de la Caraïbe (Seuil), L’invention des désirades et autres poèmes (Points), L’île et une nuit (Seuil), Trésors cachés et patrimoine naturel de la Guadeloupe vue du ciel (HC Éditions)
Marcel Dorigny, historien, maître de conférences à l’université Paris VIII
a notamment publié : (Avec Anja Bandau et Rebekka Von Mallinckrodt) Les mondes coloniaux à Paris au XVIIIème siècle. Circulation et enchevêtrement des savoirs (Karthala) ; Rétablissement de l’esclavage dans les colonies françaises. Aux origines de Haïti (Sous la codirection d’Yves Benot) (Maisonneuve et Larose) ; (Collectif) les Lumières, l’esclavage, la colonisation (La Découverte)
François Blancpain, historien, membre du comité de réflexion pour les relations franco-haïtiennes
a notamment publié : Haïti et la république dominicaine, une question de frontières (Ibis Rouge), La fracture coloniale. La société française au prisme de l’héritage colonial (La découverte), La condition des paysans haïtiens. Du code noir aux codes ruraux (Karthala)
Présentation : Michel Reinette, journaliste, scénariste, cinéaste
Partage d'une géographie archipélique, cyclonique, sismique, volcanique. Partage d'une histoire marquée au fer par l'extermination des peuples précolombiens, la traite négrière, l'esclavage, l'économie de plantation, d'une histoire productrice de la créolisation. Mais aussi, différenciation des modes de sortie de l'esclavage et de la colonisation, des formes prises par la colonisation, des langues des colonisateurs, des statuts actuels des Etats et des territoires (38 Etats et territoires, 250 millions d'habitants, sur les îles et les rives continentales de la mer des Caraïbes) et de leur relation aux dominations du Nord (Etats-Unis, Europe). Comment penser, aujourd'hui, cette unité et diversité de la Caraïbe, et la conscience commune qui peut s'y forger ?
Ecole Supérieure de Journalisme – grand amphithéâtre - 50, rue Gauthier de Châtillon – Lille
18h > 20h : Caraïbe : État et religions
Laënnec Hurbon, docteur en théologie à l’Institut catholique de Paris et en sociologie à la Sorbonne, professeur à l'Université Quisqueya de Port-au-Prince, dont il est l'un des membres fondateurs. A notamment publié : Religions et lien social. L’Eglise et l’État moderne en Haïti (Cerf) ; (sous la co-direction de Michel Hector) Genèse de l’État haïtien (1804-1859) (Édition de la Maison des sciences de l’homme)
Jacky Dahomay, professeur de philosophie au Lycée de Baimbridge (Guadeloupe), membre démissionnaire du Haut Conseil à l’Intégration, membre de la mission Debray sur les relations France-Haïti, membre de missions de coopération scolaire avec Haïti
Modération : Seloua Luste Boulbina, chercheuse associée au laboratoire interdisciplinaire CSPRP (Paris VII), directrice de programme au Collège International de Philosophie
La question religieuse s’est trouvée explicitement posée, dans la Caraïbe française, dès le Code Noir. Le
catholicisme apparaissait alors comme la voie royale d’une organisation coloniale esclavagiste, à l’opposé des religions afro-descendantes de type vaudou. Inévitablement, l’indépendance de Haïti ne mit pas fin à cette problématique mais, tout au contraire, lui donna une acuité nouvelle. Comment penser, aujourd’hui, le rapport de l’Etat et des religions ?
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
20h > 20h15 : Projection de deux films sur le tambour
Extraits de la série Kamo (20 films de 3 minutes) de Gilles Elie-Dit-Cosaque
20h > 22h : Caraïbe : Laboratoire des révolutions musicales du 20ème siècle
Emmanuelle Honorin, chargée de programmation pour plusieurs événements et productions autour des
musiques du monde depuis une quinzaine d'années et photojournaliste indépendante
Bertrand Dicale, journaliste, critique musical
a publié : (à paraître) Le métissage est une malédiction (JC Lattès) ; Les miscellanées de la chanson française (Fetjaine) ; Juliette Gréco, l’invention de la femme libre (Ed France Inter)
Présentation : Coline Toumson, ingénierie culturelle, conceptrice et directrice du Festival Vibrations Caraïbes, productrice radio
La Grande Caraïbe est une passerelle symbolique entre les deux Amériques, l'Afrique et l'Europe, un Nouveau Monde résultant d’une histoire dont le socle est brutalité et complexité, traite et esclavage. Cet entrechoc, sur un même territoire, d’éléments culturels venus d’horizons divers, ce bouillon civilisationnel sont un atout artistique majeur et singulier. La Caraïbe a vu naître les principales révolutions musicales du XXème siècle. Nous explorerons le laboratoire inédit de création et de re-création musicales que constitue l’espace Caraïbe insulaire et continental : des musiques rurales de marronnage des grandes Antilles (Cuba et Haïti) aux petites Antilles (Guadeloupe et Martinique), jusqu'aux musiques actuelles, qui irriguent de leur vitalité les musiques du Monde : reggae jamaïquain, zouk antillais, champeta colombienne.
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
Vendredi 12 novembre
18h > 20h : Haïti, de la 1ère république noire à nos jours. Résistances, mémoire et oubli
Laënnec Hurbon, sociologue, directeur de recherches au CNRS, professeur à l'université Quisqueya de Port-au-Prince, dont il est l'un des membres fondateurs.
a notamment publié : Culture et dictature en Haïti (L’Harmattan), Le phénomène religieux dans la Caraïbe (Karthala), Pour une sociologie d’Haïti au XXI° siècle (Karthala)
Lyonel Trouillot, romancier, poète, professeur de littérature
a notamment publié : Yanvalou pour Charlie (Actes Sud), L’amour avant que j’oublie (Actes Sud), Bicentenaire (Hatier)
Avec une communication lue de : Gary Victor, poète, romancier, scénariste, a notamment publié : Le sang et la mer (Vents d’ailleurs) ; Banal oubli (Vents d’ailleurs) ; Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin (Vents d’ailleurs)
Modération: Stanislas d’Ornano, docteur en sciences politiques, professeur au lycée de Sin-le-Noble Haïti a ouvert deux pistes pour l’avenir du commun de l’humanité : celle de la première république noire (1804) face à l’ordre esclavagiste ; celle d’une pratique radicale de l’émancipation, qui interroge le lien de subordination et le travail salarié. Pour autant, cette contribution à un universel concret s’est accompagnée, dans la société haïtienne elle-même, d’une tension récurrente entre mémoire des origines et oubli, entre résistances et mythologies. Les ressources de la littérature et des sciences humaines sont mobilisées dans cette table ronde pour explorer la diversité des stratégies de vie et la voie étroite de sortie du despotisme issues de ces tensions. L’usage par les élites d’un mythe fondateur pérennise-t-il les inégalités sociales ? Le rôle transversal du religieux entraîne-t-il une sortie du politique ?
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
20h > 22h : Puissance de la littérature haïtienne: l'écrivain dans la cité
Franketienne, poète, dramaturge, romancier, comédien, peintre. Auteurs de très nombreux ouvrages dont Mélovivi ou le piège (Riveneuve), Les affres d'un défi (vents d'ailleurs),
Lyonel Trouillot, romancier, poète, professeur de littérature, a notamment publié : Yanvalou pour Charlie (Actes Sud), L’amour avant que j’oublie (Actes Sud), Bicentenaire
Avec une communication lue de: Yanick Lahens, écrivain, enseigne la littérature à Port-au-Prince. A publié: Failles (Sabine Wiespeser), La couleur de l'aube (Sabine Wiespeser), La petite corruption (Mémoire d'encrier), L'exil entre l'ancrage et la fuite. L'écrivain haïtien (Deschamps)
Modération: Yves Chemla,
Dans les pays du sud, et en Haïti particulièrement, la figure de l'écrivain est l'objet d'une reconnaissance patente. L'apparition de Franketienne dans la rue, quelques heures après le séisme en a été l'une des manifestations éclatantes: "Le poète est vivant" proclame la foule. Comment la fonction de l'écrivain se manifeste t-elle concrètement dans un espace marqué par l'illéttrisme et l'analphabétisme? Est-ce seulement un "porteur de paroles" qui viennent relayer des aspirations si souvent inentendues? Dans quelle mesure vient-il aussi imprimer ses propres choix à cette voix populaire dont il est le dépositaire? Comment peut-il alors traiter les codes littéraires de la représentation de ceux qui ne peuvent pas avoir de prise sur la représentation d'eux-mêmes? Quelles sont, dans le contexte actuel, les actions menées par nombre d'entre eux pour agir dans la cité?
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
Samedi 13 novembre 2010
17h > 19h : Puissance de la littérature haïtienne. L’écriture et le pouvoir
Rodney Saint Eloi, poète, éditeur (a notamment édité l’ouvrage collectif : « Refonder Haïti »)
a notamment publié : Haïti, kembe la ! 35 secondes et mon pays à reconstruire (Michel Lafon) ; J’ai un arbre dans ma pirogue (Mémoire d’encrier) ; (Collectif) Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901- 2001 (Mémoire d’encrier)
Avec une communication lue de : Jean-Claude Fignolé, écrivain, critique d’art, journaliste et critique littéraire, maire de la commune des Abricots (Haïti) – (communication: "Fantasmes d’écrivains, violences du réel social : impuissance des mots") a notamment publié : (Collectif) Nouvelles d’Haïti (Magellan et Cie), Une heure pour l’éternité (Sabine Wespieser) ; Les possédés de la pleine lune (Seuil)
Modération : Yves Chemla, critique littéraire, auteur de La Question de l’autre dans le roman haïtien (Matoury, Ibis Rouge, 2003)
En Haïti, l’administration de la cité et la littérature entretiennent des relations durables. De Bergeaud à Alexis, les écrivains haïtiens ont souvent été des activistes politiques, ou bien des commis de l’État, ou bien les victimes de sa violence. En même temps, la représentation des formes et des forces d’un pouvoir souvent déconsidéré est l’objet même de la littérature haïtienne. On se demandera alors dans quelle mesure l’écriture peut être encore un marchepied pour la participation aux prises de décisions et ce qui légitime cet engagement. Comment l’écrivain peut-il se dégager de la diabolisation qui, selon André Corten, est le mal politique d’Haïti et comment peut-il dans ce contexte identifier sa propre place et ses propres engagements au sein de cette communauté extérieure que constitue la république internationale des lettres ?
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
Dimanche 14 novembre
15h > 17h : Haïti. Reconstruction / Refondation
Frankétienne, poète, dramaturge, romancier, comédien, peintre a publié : Melovivi ou Le piège (Riveneuve), L’oiseau Schizophone (Jean Michel Place), Les affres d’un défi (Vents d’ailleurs), Voix marassas (Spirale)
Rodney Saint Eloi, poète, éditeur (a notamment édité l’ouvrage collectif : « Refonder Haïti ») a notamment publié : Haïti, kembe la ! 35 secondes et mon pays à reconstruire (Michel Lafon) ; J’ai un arbre dans ma pirogue (Mémoire d’encrier) ; (Collectif) Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie 1901- 2001 (Mémoire d’encrier)
Jean-Marie Théodat, géographe, maître de conférences à l’université Paris Sorbonne, enseigne à l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince - En direct de Port-au-Prince (visioconférence) a notamment publié : Haïti – République Dominicaine. Une île pour deux 1804-1916 (Karthala) ; (Préface) Maladie, vaudou et gestion des conflits en Haïti de Marie Meudec (L’Harmattan)
Avec un texte lu de :
Kettly Mars, romancière, poète, nouvelliste, a notamment publié : Saisons sauvages (Mercure de France) ; Fado (Mercure de France, Kasalé (Vents d’Ailleurs) ; L’Heure hybride (Vents d’Ailleurs)
Modération: Anne Lescot, réalisatrice, cofondatrice du Collectif 2004 Images et du réseau Culture Haïti
Cette rencontre est liée au projet politique d’un ouvrage collectif « Refonder Haïti », auquel ont participé participé une cinquantaine d’auteurs. Ils sont partis du constat que l’organisation sociale haïtienne produit des inégalités et des formes d’exclusion qui ont jusqu’à présent freiné le développement d’une sphère commune de citoyenneté. Après le séisme du 12 janvier 2010, il y eut, d’un côté, l’urgence de venir en aide aux populations sinistrées, et de l’autre côté, l’évidence de la nécessité pour les Haïtiens de penser leur pays autrement, la nécessité d’une parole groupée et diversifiée portant sur la refondation d’Haïti. Qu’est-ce qui, dans le fonctionnement global de la société ou dans un domaine particulier (éducation, culture, économie, production agricole, …) fait obstacle au développement de cette sphère commune de citoyenneté ? Quelles actions ou politiques doivent être menées et quelles orientations globales donner à la refondation en général ou dans un domaine particulier ?
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
Lundi 15 novembre
17h >19h30: Antilles françaises : retour sur les mobilisations de 2009
Projections suivies d’un débat
Bannan (3 mn) et Le port (3 mn), films de la série Kamo, de Gilles Elie-Dit-Cosaque
Paroles d'intérieur, film de Christian Foret et Alain Agat, documentaire, 2009, (vidéo, 52 mn)
Débat :
Alain Agat, scénariste, co-réalisateur de Paroles d’intérieur
Seloua Luste Boulbina, chercheuse associée au laboratoire interdisciplinaire CSPRP (Paris VII), directrice de programme au Collège International de Philosophie a notamment publié : (présentation) Sur l’esclavage de Tocqueville (Actes Sud) ; Le singe de Kafka, et autres propos sur la colonie (Sens Public, Parangon) ; Réflexions sur la postcolonie (Rue Descartes)
Michel Reinette, anime sur Tropiques FM l'émission "Le noir n'est pas un homme, c'est un homme noir"
a notamment réalisé : L’avenir est ailleurs (Dorian Films)
Présentation : Jacques Lemière, maître de conférences, Institut de sociologie et d'anthropologie, CLERSE, UMR 8019 CNRS, Université Lille 1
En Martinique, un mouvement de plus d'un mois a fait suite, à partir du 5 février 2009, à la mobilisation
"Liyanna Kont Pwofitasyon" construite par le LKP en Guadeloupe dès décembre 2008.
Paroles d'intérieur", le film de Christian Foret et Alain Agat se propose de suivre les traces laissées par le
mouvement en Martinique, à partir de ces "paroles" diverses et contrastées, saisies dans une discussion
collective qui se tient, après le mouvement, dans "l'intérieur" d'une maison de l'Anse d'Arlets.
Deux films courts, issus de la série de 20 films de 3 minutes, "Kamo", porteront le regard du cinéaste Gilles Elie-Dit-Cosaque, sur des lieux emblématiques de l'enchaînement de l'économie martiniquaise : la bananeraie ("Bannan") et le port ("Le port").
La table suivant les projections questionnera ces mobilisations de 2009 comme symptôme de l'épuisement du modèle post-colonial français dans la Caraïbe.
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
20h30 > 22h30 : Melovivi ou Le piège
En partenariat avec le Festival des Indépendances
Pièce de Frankétienne, montée par Frankétienne
En partenariat avec le Théâtre du Nord et le Festival des Indépendances
Prix d’entrée : 10€ / 5€
Frankétienne, poète, dramaturge, romancier, comédien, peintre a notamment publié : Melovivi ou Le piège (Riveneuve) ; Les affres d’un défi (Vents d’ailleurs) ; Les huit mouvements des métamorphoses de l'oiseau schizophone (8 vol., Spirale, Vents d'ailleurs) ; Frankétienne, Anthologie secrète (Mémoire d'encrier)
Garnel Innocent, comédien
Aux premiers jours de décembre 2009, Frankétienne met le point final à sa nouvelle pièce de théâtre, Melovivi ou Le Piège.
"Deux individus, A et B, sont enfermés, prisonniers dans un espace délabré, dévasté, sans issue, à la suite d'un drame. Pour ne pas crever dans ce lieu d'enfermement, ils parlent, déparlent, délirent sur les malheurs provoqués par les prédateurs de la planète."
Ce qui est extraordinaire, dans ce texte d'une puissance fulgurante, c'est autant le don de prophétie que le don d'écriture. Frankétienne imagine deux hommes assis au bord du gouffre à la suite de quelque séisme. Un mois et demi plus tard, ce qui était écrit advient. Frankétienne reconnaît avoir ressenti, à ce moment-là, une immense peur l'envahir. Avoir voulu jeter au feu le manuscrit. C'est son ami Dany Laferrière qui l'a convaincu de n'en rien faire, en lui assénant ce qu'il savait pourtant : "C'est par la culture, c'est par les mots, que l'on se redressera."
A et B sont haïtiens, mais sont, surtout, universels. Devant ce vide absolu laissé par la catastrophe, il ne leur reste que les mots. La langue française doit être tordue, il faut lui faire des enfants dans le dos. Ainsi un étrange espace indéfini devient-il, sous la plume de Frankétienne "espace déchiqueté, espace écharpillé, espace déchalboré, espace découronné, espace débondaré, espace défifoiré...".
Melovivi est un texte superbe qui donne la pleine mesure de la puissance créatrice de Frankétienne, premier romancier haïtien en langue créole (Dezafi, 1975), et l'un des très grands écrivains de langue française.
Théâtre du Nord – Grand’ Place – Lille
Lundi 22 novembre
18h > 22h : Le travail cinématographique d’Elie-Dit-Cosaque
Présentation : Jacques Lemière, maître de conférences, Institut de sociologie et d'anthropologie, CLERSE,
UMR 8019 CNRS, Université de Lille I
18h : Prologue (3 minutes) et épilogue (3 minutes) de Kamo, une série de Gilles Elie-Dit-Cosaque (20x3')
Kamo est une collection de moments volés, instants de la vie quotidienne en Martinique, à mi-chemin entre le documentaire, le clip et le film expérimental. Aucun commentaire, place à l'image, à l'émotion appuyées par les compositions originales de François Causse, aussi hétéroclites que ces films mélangeant DV, super 8 et 16 mm. On présente ici le premier et le dernier film de la série (dont d'autres accompagnent certaines table-rondes de ce cycle Caraïbe)
Ma grena' et moi, film de Gilles Elie-Dit-Cosaque, 2004, 52 minutes, français et créole, VOSTF français
La grena' est le surnom que l'on a donné aux Antilles à la mythique mobylette Motobécane de couleur grenat (celle qui n'est pas bleue). Gilles Elie Dit Cosaque, en faisant le portrait de ses usages, en même temps que celui des quelques fidèles qui la chevauchent encore, donne à voir et à comprendre la Guadeloupe, sa réalité sociale et les représentations de ses travailleurs, des années 60 à aujourd'hui.
19h : Outre-mer, Outre-tombe, film de Gilles Elie-Dit-Cosaque, 2006, 52 minutes, français et créole,
VOSTF
Aux Antilles (ici, Martinique et Guadeloupe), la mort s'inscrit un peu plus qu'en métropole dans le processus de la vie. Les traditions d'accompagnement du défunt : veillées pleines de contes, de blagues, de chants, de rhum, multiples messes, bien qu'elles soient en mutation, y ont encore une forte importance. Sur ces rites empreints d'un catholicisme traditionnel viennent se greffer coutumes et superstitions héritées des campagnes françaises, d'Afrique et d'Inde. Ces éléments se mélangent, parfois se télescopent, pour aboutir à des résultats qui, pour peu qu'on prenne du recul, peuvent surprendre et prêter à sourire.
20h : Zétwal, film de Gilles Elie-Dit-Cosaque, 2008, 52 minutes
Au milieu des années 70, dans une Martinique empêtrée dans des problèmes sociaux, un homme, Robert Saint-Rose, grand admirateur d'Aimé Césaire, et de "sa poésie d'explosion, de volcan, d'éruption", de "sa poésie comme énergie se répandant à l'infini", met sur pied un projet insensé : être le premier français dans l'espace. Conviant responsables politiques, scientifiques, personnalités de l'époque, sans oublier, bien sûr, des proches de Robert Saint-Rose, Zétwal retrace cette extraordinaire aventure. Et compose en fin de compte le portrait d'un homme, d'un rêve, d'une société.
21h : Rencontre avec Gilles Elie-Dit-Cosaque, photographe et cinéaste
Gilles Elie-Dit-Cosaque a entrepris la construction d'un travail artistique marqué, outre l'humour et l'amour de l'enquête, par la préoccupation de l'invention formelle, croisée à la confiance dans l'exercice du cinéma comme portrait du pays. Et de cet ancrage localisé, Martinique et Guadeloupe, ses films touchent à l'universel.
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
Mercredi 24 novembre
18h > 20h : Sartre et Cuba
Jean Bourgault, professeur de Lettres Supérieures au Lycée Jeanne d’Arc, à Rouen. Membre du Groupe d’Études Sartriennes, il co-anime avec Gilles Philippe l’équipe ITEM-Sartre (CNRS-ENS UMR 8132). Membre du comité de rédaction des Études sartriennes et des Temps modernes, il a coordonné les travaux de l’équipe Sartre pour la publication des textes de Sartre consacrés à Cuba. a notamment publié : (sous sa direction) Études Sartriennes –Sartre inédit (Ousia)
John Ireland, Associate Professor à l'Université d'Illinois à Chicago, membre du Groupe d’Études Sartriennes et du comité de rédaction des Études sartriennes, il a participé dans le cadre des travaux de l'équipe ITEM-Sartre à l’édition du Théâtre Complet de Sartre (Pléiade, 2005) a notamment publié : Sartre, un art déloyal. Théâtralité et engagement (Jean-Michel Place), Le Kean de Sartre : personnage ou concept ? (Genesis, manuscrits, recherche, invention, no25)
Modération : Jacques Lemière, maître de conférences, Institut de sociologie et d'anthropologie, CLERSE, UMR 8019 CNRS, Université Lille 1
A la suite d’un long séjour à Cuba, du 22 février au 20 mars 1960, Sartre fit paraître dans France-Soir, sous le titre « Ouragan sur le sucre », une série de 16 articles sur la révolution cubaine et Castro. Les Temps modernes ont republié ces articles en 2008, accompagnés de textes de Sartre portant sur le même thème et jusqu’alors inédits (Les Temps modernes, avril-juin 2008, n° 649). Autour de ces pages souvent méconnues, dans lesquelles Sartre évoque les situations cubaine et française, il s’agira d’interroger l’approche sartrienne de la politique et de l’histoire.
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille
Dimanche 28 novembre
10h > 20h : Haïti sous le regard des documentaristes
En partenariat avec le Collectif 2004 Images Haïti et le Réseau Culture Haïti
10h30. Introduction de la journée
Jacques Lemière, maître de conférences, Institut de sociologie et d'anthropologie, UMR CLERSE-CNRS, Université de Lille I
1. Trajectoires d’écrivains
10h45 – 12h45
Jacques Roumain. La passion d’un pays, film d’Arnold Antonin, Haïti, 2008, 1 h 54 mn, couleur, créole et français, VOSTF
Arnold Antonin, cinéaste, universitaire, directeur du centre culturel Pétion-Bolivar, figure centrale et longtemps figure unique du cinéma haïtien, s’attache dans ce documentaire à l’œuvre et la vie tourmentée d’un écrivain de la première partie du vingtième siècle haïtien, Jacques Roumain (1907-1944), dont la pensée politique a marqué des générations d’Haïtiens jusqu’à aujourd’hui. L’écho de son œuvre majeure, Gouverneurs de la Rosée (1939, 1944), entreprise romanesque de reconstruction du regard sur le paysan haïtien, résonne encore aujourd’hui.
14h15 – 15h15
René Depestre. Chronique d’un animal marin, film de Patrick Cazals, France, 2004, 1 h 03mn, couleur De son bourg d’adoption, au pied des Corbières, le poète, puis romancier René Depestre, connu de l’opinion comme des pouvoirs politiques comme « le poète de la révolution » (Etincelles, 1945), né à Jacmel en 1926, s’interroge sur le destin de son ¨île natale, sur son œuvre et sur sa propre traversée du 20ème siècle. Dans une posture de conteur, il revisite sa vie, de sa participation (avec Jacques Stephen Alexis) aux mobilisations politiques de 1946 à ses plusieurs exils (Prague, la France, l’Amérique latine) en passant par son engagement dans la jeune révolution cubaine. Passent ainsi André Breton, Césaire, Senghor, Jorge Amado, Pablo Neruda, Che Guevara … Tourné en Haïti, à Fort de France, à Prague, en France, le film permet d’entendre les témoignages d’Aimé Césaire, Yanick Lahens, Georges Castera, René de Obaldia, Maurice Pons, Laennec Hurbon, Régis Debray …
2. Histoire et politique
15h30 – 17h00
Haïti. Le chemin de la liberté, film d’Arnold Antonin, Haïti, 1974, 1 h 32 mn, N&B
Film militant d’Arnold Antonin, alors en exil au Venezuela, qui intervient sur l’histoire politique d’Haïti de la
première colonisation jusqu’à la dictature des Duvallier, père et fils.
17h00– 17h20
Chronique d’une catastrophe annoncée. Haïti Apocalypse Now, film d’Arnold Antonin, Haïti, 2010, 18 mn, couleur
Le film d’Arnold Antonin après le séisme du 12 janvier 2010. Quand le séisme n’est pas réduit à un événement naturel, mais saisi comme un révélateur des failles de l’Etat et de la société haïtiennes.
17h20 – 18h
Déportés d’Haïti, de Rachèle Magloire et Chantal Regnault, extrait de 25 minutes d’un film en cours de
production, Haïti, 2010, couleur - En présence de Rachèle Magloire et Chantal Regnault, réalisatrices
Tous les quinze jours, une cinquantaine d’haïtiens sont expulsés des Etats-Unis, pour s’être trouvés en infraction avec la loi et emprisonnés, et renvoyés à Haïti où ils n’ont pas d’attaches.
3. Regards sur le vodou
18 h – 19h
Divine Horsemen, The living Gods of Haïti, images tournées par Maya Deren à Haïti en 1945-1951,
complétées et montées par Teiji et Cherel Ito en 1973-1975, Etats-Unis, 47 minutes, N&B
Dans cette entreprise cinématographique, dont le titre reprend celui d’un texte qu’elle écrivit en 1953, Maya Deren (1917-1961), issue du milieu des surréalistes, tient le projet d’une ethnographie des rituels et des divinités du vodou (Legba, « loa » - c’est-à-dire esprit - du croisement ; Ogoun, de la guerre ; Gédé, de la vie et de la mort ; Erzulie, de l’amour ; Azacca, de l’agriculture ; Agwé, de la mer). Mais ses images, qui ont passionné des cinéastes comme Stan Brackage, font exploser cette didactique en poétique.
19h – 20h
Des hommes et des dieux, film d’Anne Lescot et Laurence Magloire, France, 2002, 52 mn, couleur, créole, VOSTF - En présence d’Anne Lescot, réalisatrice
A partir de portraits de jeunes homosexuels et travestis, à Port au Prince, dans une société où homosexualité et surtout travestissement restent tabou, le film s’intéresse à la manière dont le vodou devient pour eux un espace libérateur, où ils viennent chercher protection et amoindrissement de leur grande solitude. Anne Lescot, anthropologue, réalisatrice, est également distributrice de films haïtiens, animant le Collectif.2004.images.
20h – 20h30
Les sculpteurs de la Grand Rue, film de Leah Gordon, Grande-Bretagne, 26 mn, couleur
Les sculpteurs de la Grand Rue sont une communauté d’artistes qui vit dans les quartiers populaires du bas de Port-au-Prince, Haïti. Leur production, la plus novatrice qu’ait connu le pays au cours des dix dernières années, est le reflet d’une vision exacerbée de la société, de la culture et de la religion qui les entoure.
20h30 – 22h
Rencontre, autour des films de la journée et de la situation du cinéma haïtien, avec Anne Lescot (anthropologue, réalisatrice, animatrice du Collectif 2004 Images), Rachèle Magloire (productrice, réalisatrice, notamment de Une école pour tous et Les enfants du coup d'Etat en 2001, Ki Prizon Pou Ayiti, Ki Prizon pou Fanm ak Timoun, en 1998) et Chantal Regnault, photographe (du vodou et d’Haïti - expositions en France, à Londres, aux Etats-Unis et en Haïti), réalisatrice, journaliste
Présentation : Jacques Lemière, maître de conférences, Institut de sociologie et d’anthropologie, CLERSE, UMR 8019 CNRS, Université Lille 1, responsable du cinéma à Citéphilo
Palais des Beaux-Arts - grand auditorium - Place de la République – Lille