Le Bel Air, lieu de mémoire, doit être sauvegardé
Le guide répertoire du Bel Air financé par la MINUSTAH via le programme Quick Impact Project (QIP) sanctionne deux années de travail acharné, au cours desquelles la Fondation AfricAméricA, à travers des enquêtes, des reportages photographiques, des relevés GPS, a établi une importante base de données sur l’activité des ateliers d’artistes et d’artisans, mais aussi sur les nombreux monuments témoins du passé fabuleux du plus ancien quartier de Port-au-Prince.
Dans le contexte de stratégie de réduction de la violence et valorisation de nos acquis culturels et leur transformation en moyens économiques, d’octobre 2007 à juillet 2009, le Bel Air qui émergeait d’une période de violents affrontements urbains, a également bénéficié de deux importants projets de revalorisation de son image à travers la dynamisation des ateliers d’artistes et d’artisans, une initiative du CNDDR et de son président Alix Fils Aimé. Il s’agissait alors d’offrir des options viables et constructives aux communautés affectées par la violence.
C’est ainsi que la Coordination des Artistes et Artisans du Bel Air (CAABEL) a vu le jour. La Fondation AfricAméricA agissant en partenariat avec l’ACDI (CGF/FODEM) et l’Union Européenne (PRIMA) a mis en œuvre une des activités de renforcement des capacités, par la formation, la promotion des artistes et artisans, la localisation, la réhabilitation, la dynamisation des ateliers grâce à un fonds d’appui à la production. Comme résultats : 110 artistes et artisans répartis en une dizaine de groupes de métiers, ont repris leur production, participant à de nombreuses foires et expositions, parallèlement 8 visites guidées ont permis à un large public de découvrir la concentration de richesses culturelles, la vivacité de ce foyer de création et d’innovation populaire.
Car, le Bel Air est ce lieu unique de la Caraïbe, où des milliers d’artistes, d’artisans, de musiciens, de danseurs, élaborent quotidiennement notre culture populaire, entretenant nos savoir-faire, nos traditions, les raras, les rituels sacrés, mais aussi produisant les formes les plus inouïes de l’art contemporain haïtien, à travers la sculpture, l’assemblage, l’art de récupération (David Boyer) et la peinture de rue. Le Bel Air est aussi le berceau du carnaval de Port-au-Prince, il fourni le gros œuvre, les petites mains et surtout les célèbres bandes à pieds.
Ce guide répertoire avait la vocation première de faciliter les commandes des clients, en livrant gratuitement toutes les informations concernant les ateliers de couture, de drapeaux vodou, de travail du cuir, de cordonnerie, de bijoutier, d’ébéniste, de fer forgé, de sculpture, de peinture, des groupes de danse et de spectacle vivant … Le lancement devait avoir lieu le 6 avril 2010 dans les jardins du Ministère de la Culture.
Après le 12 janvier, alors qu’une majorité des artistes et artisans vivent éparpillés dans les camps de fortune, alors que nombre d’entre eux ont perdu leurs ateliers, leurs outils de travail, leur production (car le Bel Air s’investissait corps et âme dans la fabrication des costumes et décors du carnaval 2010), alors que les monuments, les derniers vestiges de son passé ont disparu (le Lycée Pétion allait commémorer son bicentenaire), ce guide répertoire se charge d’un sens profond.
En effet, le guide répertoire du Bel Air a deux raisons d’être dans le contexte actuel :
Il constitue un vibrant hommage aux artistes, artisans, habitants disparus du Bel Air et à Monsieur Eddy Annabi qui avait accepté de le préfacer tandis que Madame Andréa Loi de son cabinet avait contribué pendant des semaines à la correction des textes et collaborait activement à l’organisation du lancement jusqu’à cet après midi funeste du 12 janvier.
La deuxième raison d’être de ce guide répertoire est un plaidoyer apportant les arguments pour la préservation du Bel Air en tant que haut lieu de notre patrimoine matériel et immatériel.
Barbara Prézeau Stephenson
AICA SC
Le guide répertoire du Bel Air financé par la MINUSTAH via le programme Quick Impact Project (QIP) sanctionne deux années de travail acharné, au cours desquelles la Fondation AfricAméricA, à travers des enquêtes, des reportages photographiques, des relevés GPS, a établi une importante base de données sur l’activité des ateliers d’artistes et d’artisans, mais aussi sur les nombreux monuments témoins du passé fabuleux du plus ancien quartier de Port-au-Prince.
Dans le contexte de stratégie de réduction de la violence et valorisation de nos acquis culturels et leur transformation en moyens économiques, d’octobre 2007 à juillet 2009, le Bel Air qui émergeait d’une période de violents affrontements urbains, a également bénéficié de deux importants projets de revalorisation de son image à travers la dynamisation des ateliers d’artistes et d’artisans, une initiative du CNDDR et de son président Alix Fils Aimé. Il s’agissait alors d’offrir des options viables et constructives aux communautés affectées par la violence.
C’est ainsi que la Coordination des Artistes et Artisans du Bel Air (CAABEL) a vu le jour. La Fondation AfricAméricA agissant en partenariat avec l’ACDI (CGF/FODEM) et l’Union Européenne (PRIMA) a mis en œuvre une des activités de renforcement des capacités, par la formation, la promotion des artistes et artisans, la localisation, la réhabilitation, la dynamisation des ateliers grâce à un fonds d’appui à la production. Comme résultats : 110 artistes et artisans répartis en une dizaine de groupes de métiers, ont repris leur production, participant à de nombreuses foires et expositions, parallèlement 8 visites guidées ont permis à un large public de découvrir la concentration de richesses culturelles, la vivacité de ce foyer de création et d’innovation populaire.
Car, le Bel Air est ce lieu unique de la Caraïbe, où des milliers d’artistes, d’artisans, de musiciens, de danseurs, élaborent quotidiennement notre culture populaire, entretenant nos savoir-faire, nos traditions, les raras, les rituels sacrés, mais aussi produisant les formes les plus inouïes de l’art contemporain haïtien, à travers la sculpture, l’assemblage, l’art de récupération (David Boyer) et la peinture de rue. Le Bel Air est aussi le berceau du carnaval de Port-au-Prince, il fourni le gros œuvre, les petites mains et surtout les célèbres bandes à pieds.
Ce guide répertoire avait la vocation première de faciliter les commandes des clients, en livrant gratuitement toutes les informations concernant les ateliers de couture, de drapeaux vodou, de travail du cuir, de cordonnerie, de bijoutier, d’ébéniste, de fer forgé, de sculpture, de peinture, des groupes de danse et de spectacle vivant … Le lancement devait avoir lieu le 6 avril 2010 dans les jardins du Ministère de la Culture.
Après le 12 janvier, alors qu’une majorité des artistes et artisans vivent éparpillés dans les camps de fortune, alors que nombre d’entre eux ont perdu leurs ateliers, leurs outils de travail, leur production (car le Bel Air s’investissait corps et âme dans la fabrication des costumes et décors du carnaval 2010), alors que les monuments, les derniers vestiges de son passé ont disparu (le Lycée Pétion allait commémorer son bicentenaire), ce guide répertoire se charge d’un sens profond.
En effet, le guide répertoire du Bel Air a deux raisons d’être dans le contexte actuel :
Il constitue un vibrant hommage aux artistes, artisans, habitants disparus du Bel Air et à Monsieur Eddy Annabi qui avait accepté de le préfacer tandis que Madame Andréa Loi de son cabinet avait contribué pendant des semaines à la correction des textes et collaborait activement à l’organisation du lancement jusqu’à cet après midi funeste du 12 janvier.
La deuxième raison d’être de ce guide répertoire est un plaidoyer apportant les arguments pour la préservation du Bel Air en tant que haut lieu de notre patrimoine matériel et immatériel.
Barbara Prézeau Stephenson
AICA SC